L'actualité de la crise: le pari stupide de la rigueur, par François Leclerc

Billet invité

LE PARI STUPIDE DE LA RIGUEUR

De réunion en réunion, les gouvernements de la zone euro ne sont toujours pas parvenus à lever le veto de l’Allemagne, dont l’objectif est de pousser la Grèce dans les bras du FMI, afin de ne pas être financièrement impliqué dans son sauvetage, et de défendre ce que l’on commence à appeler le deutscheuro.

Une téléconférence de l’Eurogroup doit avoir lieu ce dimanche à 14 heures, sans attendre la réunion des ministres du week-end prochain de Madrid, la situation réclamant qu’une décision soit prise sans tarder. C’est sans doute la réunion de la dernière chance, la Grèce n’ayant ensuite plus comme issue que de demander tôt ou tard l’intervention du FMI, dont les experts sont déjà à pied d’oeuvre.

Cette gestion calamiteuse de la première crise de la dette publique augure très mal de celles qui vont suivre. En Europe pour commencer. L’heure n’est plus à déplorer l’impéritie dont les gouvernements font preuve ou bien de tenter de décrypter leurs calculs. Peu importe, car le fait est là : la Grèce va être pour les Etats le signal que Lehman Brothers a été pour les banques, aussi résolument même si son effet va être plus progressif. L’affaire ne peut pas et ne va pas en rester là. De premiers Etats, les plus vulnérables, vont rejoindre les banques dans un même statut de sinistré. « Dans quoi nous entraînent-ils ? quelle démonstration veulent-ils faire? », nous commençons à la comprendre.

Si la crise grecque a mis en évidence une chose, c’est que l’effet domino (on dit systémique maintenant) est susceptible de fonctionner en Europe, non pas selon un seul mécanisme mais avec la combinaison de deux : une brutale et incontrôlable hausse des taux obligataires atteignant un nouveau pays – la liste des pré-sélectionnés est connue – les banques pouvant ensuite vite répandre le mal, comme le cas de la Grèce le montre en ce moment. Car les grandes banques européennes sont gavées d’obligations d’Etats, et un plan global de restructuration de la dette qui interviendrait à la faveur de la crise d’un pays européen, avec réduction de peine à la clé, pourrait générer en retour un rude choc pour certaines. Confirmation du fait que les secousses successives de la crise – dégonflement brutal puis très lent de la dette privée, gonflement irrésistible de la dette publique – influent l’une sur l’autre, ce qui n’arrange rien.

En conséquence, il n’est pas concevable de laisser un pays faire défaut. Cette contrainte risquerait à force de poser problème, même au FMI, si les sauvetages devaient se succéder et le montant de l’addition s’envoler. Quant à elles, les banques centrales ont déjà donné tout ce qu’elles pouvaient, et sont désormais réduites au rôle de figurant. C’est clairement le cas de la BCE, qui n’est pas aux commandes, comme celui de la Fed. Cette dernière est traversée par des débats internes transparaissant de plus en plus, exprimant des désaccords accrus entre les membres du comité de politique monétaire à propos du maintien ou non de ses mesures de soutien et du risque d’apparition d’une nouvelle bulle financière privée pour certains, du retour de l’inflation pour d’autres. Ayant utilisé leur artillerie monétaire, les banques centrales n’ont plus d’autre ressource et leur seul discours possible porte sur les modalités et le calendrier de retrait des dispositions qu’elles ont prises.

Une seconde vérité commence à se faire jour, illustrant en contre-point que les gouvernements n’ont pas encore pris toute la mesure de la situation. Ils se réfugient toujours dans l’illusion que des plans de rigueur budgétaires (assortis de hausses d’impôts) vont permettre de réduire la voilure de l’endettement et de dégonfler la bulle publique, ne s’y engageant cependant qu’avec la plus extrême prudence, quand ils le peuvent. Sachant pourtant qu’une course de vitesse est engagée entre la hausse des taux obligataires, qui a débuté pays par pays, et un désendettement progressif, qui n’a pas commencé.

Mais les choses ne sont pas si simples. Les gouvernements doivent faire face à deux impératifs strictement contradictoires : diminuer les dépenses, mais sans plonger leur pays dans la récession. Ils sont aussi placés devant une autre réalité qui complique le jeu: la dette publique est pour une large part structurelle. Un mot qui, dans le langage des économistes, signifie qu’il faut remuer des montagnes pour y changer quoi que ce soit.

C’est la Banque des règlements internationaux (BRI) qui l’a annoncé de toute son autorité, et a analysé les dérangeantes conséquences. Elles sont toutes simples : la charge de la dette (le règlement de ses seuls intérêts) va atteindre des sommets dans les années à venir, dépassant souvent de beaucoup le seuil de 20% des ressources budgétaires des Etats occidentaux. Ce qui signifie qu’il va être pratiquement impossible pour ceux-ci de diminuer leur déficit primaire, car le payement des intérêts de la dette va absorber une partie très importante des économies réalisées dans le cadre des plans de rigueur, destinées à l’origine à réduire le déficit. C’est ce qui pourrait se passer pour la Grèce, qui est décidément un laboratoire. Ce nouveau paramètre pourrait entraîner les économies dans une spirale déflationniste descendante. Le Japon devenant alors le modèle précurseur et peu enviable de l’économie occidentale.

Qu’importe si la BRI, pour étayer sa démonstration, considère que le vieillissement de la population dans les pays occidentaux est à lui seul la source de la hausse de la dépense publique, ou si elle voit les efforts budgétaires de réduction de la dette comme unique cause du faible taux de croissance futur des pays de l’OCDE. Deux analyses que l’on va beaucoup entendre et qui ont en commun d’escamoter le reste. La conséquence est que l’effort de réduction du déficit, s’il est réalisé, va précipiter les pays occidentaux dans la déflation, réduisant leurs rentrées fiscales et accentuant encore la part de leurs ressources attribuée au payement de leur dette.

Le décalage est impressionnant entre cette logique, les hésitations et les soubresauts qu’elle annonce, et les discours des gouvernements. Surtout si l’on écoute les partisans les plus farouches de la pensée néolibérale axiomatique, les Tories britanniques, Républicains américains et autres Libéraux allemands, qui expriment de manière crue le credo partagé plus mezzo voce par tous les autres. Toutes ces équipes se trompent d’époque et ne maitrisent toujours rien. La planche de salut qu’ils cherchent à imposer ne mènera nulle part. Au bout de la rigueur subsistera encore un énorme déficit et nous aurons à la fois l’une et l’autre !

Les marchés, eux, auront trouvé un nouveau gisement d’actifs à bon rendement et à faible risque. Risquant à force de faire de ce placement de père de famille de véritables junk bonds à l’arrivée ! L’industrie financière, décidément, n’est pas fréquentable. Elle nous prépare un nouveau méga transfert financier en sa faveur.

Alors que les Etats-Unis étaient encore en retrait à propos de la réduction de leur déficit public, Ben Bernanke, le président de la Fed, vient de prononcer à Dallas un discours annonciateur de la suite des opérations. Très prudent lorsqu’il a abordé les chapitres de la croissance, du chômage, de l’activité de crédit, ou de la reprise du marché du logement, il a par contre annoncé la certitude de « choix difficiles » à venir. Le pays aura, selon lui, à choisir inévitablement entre des impôts plus élevés, des modifications dans les programmes d’allocations chômage ou de sécurité sociale, des dépenses publiques moins fortes, de l’éducation à la défense, ou une combinaison de ces différentes propositions. Ben Bernanke sortait-il de la mission de la Fed – la lutte contre l’inflation et le chômage – en abordant ses thèmes ? Son discours aurait en tout cas pu être prononcé par Barack Obama, qui n’a toutefois jamais été aussi précis jusqu’à maintenant.

On assiste actuellement à l’élargissement d’un grand écart. Avec d’un côté un monde financier toujours subventionné par les banques centrales, qui continue d’accumuler bénéfices et résultats tout en masquant ses pertes réelles, et de l’autre une économie dont la faible relance dépend toujours de mesures de soutien public, y compris et surtout aux Etats-Unis. Comme si ces deux mondes de la finance et de l’économie étaient animés par des dynamiques dissemblables, l’économie réelle jouant le rôle de la parente pauvre.

Fermer les portes des salles de jeu du casino pourrait y remédier, mais cela n’en prend pas le chemin : le grand écart va donc se poursuivre, s’installer et risque de s’accentuer. Cela va s’accompagner de lourdes conséquences sociales et politiques, si cette logique s’impose.

Dans le fastidieux labyrinthe des mesures de la future régulation financière, encore à l’étude, un exemple permet d’illustrer la tendance. Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur et aux services financiers a, le 4 avril dernier, stupéfait l’assistance d’une assemblée de financiers à Londres, en envisageant de modifier la composition de l’IASB, l’organisme international qui définit les normes comptables. Celui-ci se refusant depuis des semaines à assouplir comme demandé par Bruxelles sa position, Michel Barnier a tout simplement proposé d’en modifier la composition, afin qu’en soient membres plus de représentants des régulateurs nationaux, des banques et des entreprises. Il a aussi précisé, à titre d’amicale pression, que le projet d’augmentation du budget de l’IASB était prématuré, les deux questions étant liées. On sait les enjeux qu’il y a derrière l’adoption de nouvelles normes comptables, attendues comme le Messie par la profession bancaire en Europe, afin de pouvoir sortir de la clandestinité et présenter des bilans officiellement estampillés.

Certes, L’industrie financière ne va pas sortir totalement indemne. Elle va devoir s’accommoder de contraintes, contre lesquelles elle bataille avec la dernière énergie – notamment à propos des projets de taxe des banques et de l’augmentation des fonds propres – son activité allant être plus ou moins bridée suivant les décisions qui seront finalement prises.

Fondant ses espoirs dans la relance du marché de la titrisation, toujours en panne quand il n’est pas garanti par l’Etat, même si elle sait que ses beaux jours sont derrière lui, elle va s’efforcer de compenser les limitations apportées à ses champs d’action par l’ouverture de nouveaux marchés, en utilisant un instrument et une mécanique qui ont fait, si l’on peut dire, leurs preuves : celles des produits dérivés, à la fois coeur et poumons. Et elle va profiter sans attendre de la hausse progressive des taux sur le marché de la dette, qui va néanmoins l’atteindre par ricochet, quand elle devra à son tour lever des capitaux pour accroître ses fonds propres (à moins que d’autres formules sophistiquées plus souples, en discussion, soient admises comme éligibles et les soulagent).

L’industrie financière va utiliser ses énormes capitaux afin d’assouvir en priorité et à sa manière ses besoins insatiables. Car, moins que jamais dans la période qui s’annonce, l’économie réelle va se révéler en mesure de lui offrir les rendements de ses rêves. Cette dernière, de son côté, va devoir accepter des taux élevés pour financer son activité sur le marché obligataire privé, les banques n’étant plus en mesure – en raison de leurs nouveaux ratios de fonds propres – de distribuer comme auparavant le crédit, ou considérant surtout qu’elles ont mieux à faire que de se recapitaliser ou de prêter aux grandes entreprises.

Ce déséquilibre global vaut, et bien plus, tous les déséquilibres commerciaux qui mobilisent en ce moment les chancelleries et que les Chinois et les Allemands, les deux premiers exportateurs mondiaux, sont sommés de réduire. Mais il est ignoré par des gouvernements qui s’accrochent toujours et encore à l’idée que la machine repartira comme avant, une fois que la dette publique aura été contenue et réduite. Un pari, un de plus, qui n’est pas gagné.

80 réponses sur “L'actualité de la crise: le pari stupide de la rigueur, par François Leclerc”

  1. Cet après-midi aura lieu la 4236ème réunion consacrée au sauvetage de la Grèce.

    La seule nouveauté, c’est la suivante : cette 4236ème réunion aura lieu par téléconférence.

    A part ça, comme d’habitude, il y aura un communiqué final qui dira : « Nous allons sauver la Grèce. »

    En réalité, les chefs d’Etat européens NE prêteront PAS des milliards d’euros à la Grèce car ils sont eux-mêmes dans une situation désespérée.

    Les chefs d’Etat européens pensent à une chose, et à une seule chose : « Comment faire pour que mon pays ne se déclare pas en défaut de paiement ? »

    L’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Irlande, l’Italie, la Grèce, etc, ne sont plus capables d’arrêter l’explosion de leur dette publique. Leur dette publique s’est emballée.

    Plus personne ne peut contrôler cet emballement.

    Les chefs d’Etat européens NE peuvent PAS prêter des milliards d’euros à la Grèce car ils sont eux-mêmes surendettés.

    Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est des discours.

    bis.org

  2. Bonjour,
    Les Etats ne pourraient-ils pas être tentés de régler leurs problèmes de dettes en favorisant l’inflation ? Mais, le peuvent-ils ?

    1. Les financiers, assis sur leurs cassettes, leur déconseillent fortement ! C’est que ce ne sont plus des pièces d’or qu’elles contiennent !

    2. Pourtant, je ne sais plus quel spéculateur qui avait largement augmenté sa fortune avec les subprimes, vient de parier sur une montée de l’or et de l’inflation..
      (les deux allant de pair)

    3. De plus l’inflation a ceci de commun avec les guerres : on sait facilement les commencer et on les termine comme on peut…

    4. Qu’est ce qui s’oppose techniquement à l’inflation, à part le dogme et l’idéologie dominante, qu’elles en seraient les conséquences pour des pays comme la France qui ne possède plus d’industrie ?

    5. Parenthèse pour les non-initiés du blog…:
      Ce n’est pas parce qu’il y a ici Igor, Piotr, Tartar et Yvan que nous sommes tous communistes.

      Je tenais à mettre les points sur les X, il n’y a que moi. Pas Moi, je veux dire, non plus…

    6. Né viscéralement anticommuniste, je pense bientôt prendre ma carte au parti.
      Ou plus à gauche.
      Quelqu’un a dit sur ce fil que les banques sont des nains politiques.
      Elles sont des « fous du roi » qui ont l’oreille des décideurs par l’entremise de leurs lobbies corrupteurs.
      La plupart des décideurs de ce monde ont aussi des intérêts purement financiers personnels et privés à « défendre » et ce en contradiction flagrante avec leur mission démocratique de façade.
      Cette schizophrénie est apparente dans leur incapacité à lutter contre l’influence des banques off-shore où leurs actifs sont en général nichés.
      Hitler et Staline utilisaient volontiers et de façon malhonnête le terme de ploutocratie.
      Cà existe.
      Et je viens de prendre +10 Godwin.

    7. La haine est mauvaise conseillère, Ami Haché.
      Rester Cartésien. Toujours.

      Mais j’ai invoqué les forces vives. Lisztfr, Moi, Piotr,..

    8. L’inflation est positive pour diminuer relativement le nominal, mais pose un gros problème pour refinancer les emprunts en cours qui sont souvent à maturité courte pour profiter des taux bas qui justement s’envolerait avec le retour de l’inflation. ..

    9. L’inflation est un problème pour le refinancement des emprunts car il en augmente le taux…

    10. L’inflation détruit le coeur du riche, soit son capital, et…
      le ventre du pauvre, soit sa vie.

      Qu’un pauvre, comme en 1789, aille couper la tête des puissants. Imaginez.

  3. Et la Chine?

    S’il existe un acteur disposant de réels moyens financiers qui ne cherchent qu’à s’employer, c’est la Chine.

    Or, contrairement aux acteurs privés qui ne recherchent qu’un contre-partie financière à leurs placements, la Chine peut être encline à échanger financement contre influence géopolitique, même au prix d’un risque financier. A l’heure actuelle, c’est d’ailleurs le seul acteur (avec les USA, qui ont leurs propres problèmes) qui soit capable d’une vision géo-politique mondiale.

    Ainsi, la relance par la Grèce d’obligations libellées en dollars ne pourrait-elle pas être vue comme un appel du pied discret? Bien sûr, à première vue, on imagine mal les Européens laisser participer les Chinois au sauvetage de la zone Euro, comme on pouvait le dire du FMI il y a quelques semaines encore.
    La perspective paraît lointaine, et aucune information publiée ne vient l’étayer. Est-ce à exclure?

    1. Mais la Chine est déjà le principal banquier du monde !

      Toutefois, même si elle diversifie son portefeuille d’actif, elle reste avant tout le premier banquier des Etats-Unis, patrie du capitalisme financier et recordman de la dette publique (comme quoi cela va bien de pair).

      Il a été abondamment mis en évidence comment elle s’était fait elle-même prisonnière de cette situation, ne pouvant désormais en sortir que très précautionneusement. C’est ainsi qu’elle a dessiné la perspective d’une refonte du système monétaire international qui tentait d’y contribuer, soulignant que c’était une perspective à terme.

      Sur le papier, rien ne s’opposerait à ce que la Chine achète par brassées de la dette souveraine d’autres Etats, au train où se poursuivent ses excédents commerciaux, même s’ils vont ralentir. On a dit que Goldman Sachs avait ainsi tenté une démarche en ce sens pour le compte du gouvernement Grec, mais cela a été démenti. Mais la question n’est pas tant qui va souscrire aux émissions à venir des Etats, mais à quel tarif !

      Concernant l’aspect politique du dossier, la Chinamérique est une parfaite expression de la dialectique du maître et de l’esclave : ne commande pas nécessairement celui que l’on croit ! Tous les hommes d’affaires savent que l’on négocie d’autant mieux avec sa banque que lorsque son en-cours est élevé…

  4. Bon, en fin de compte, l’éclatement pur et simple de l’Euro est une option raisonnable!
    En effet, si la Grèce retourne à une monnaie nationale, comme l’avaient fait les Argentins en 2000 pour se sauver d’un dollar trop fort, le tout assorti d’un moratoire, l’économie grèque repartira!
    Les banques européennes prêteuses boiront la tasse, et la BCE tentera de les sauver ainsi que le « deutscheuro »?
    On verra bien, mais une faillite d’état ordonnée est sans doute un moindre mal dans ce contexte.
    Si, inspirée d’une sagesse particulière, la nouvelle monnaie grèque pouvait être émise « temporaire » ou, mieux, avec des signes monétaires marqués par le temps (SMT), je suis convaincu que laGrèce réussirait en quelques années à s’assainir sans aucune aide extérieure, ni FMI ni Europe. Evidemment, une sérieuse lutte contre la corruption s’impose en Grèce, où les plus riches fraudent le plus (comme ailleurs d’ailleurs, mais sans doute dans des dimensions encore plus grandes que dans le Nord de l’Europe…)
    Encore une fois, sans harmonisation des règles fiscales, salariales et sociales, l’euro n’est pas tenable!

  5. C’est un missile à plusieurs étages, mais il ne faut pas perdre de vue les lignes de fond.

    Il était hasardeux d’intégrer à l’Europe les fameux « PIGS » et, plus encore, de les doter de l’euro. Ceci s’est fait en grande partie sans les peuples ; on en voit le résultat. Crise ou pas, l’échec était au bout du chemin.
    Comment, à cet égard, les perspectives de ces fabuleux mariages n’auraient-elles pas favorisé les initiatives de ces pays pour rendre leur mariée plus belle ? Et peut-on reprocher ensuite à leurs peuples d’avoir, à leur tour, cédé, comme nous, aux mirages de l’argent facile à crédit ?
    Sur le sauvetage, l’on ne peut dire d’un côté que la Grèce est financièrement perdue (ce qui paraît évident) et accuser des pays européens en grande détresse eux aussi de ne pas voler à son secours. A ce stade, est-il bien utile de prêter à fonds perdus (et à crédit) un argent qui nous fait d’ores et déjà défaut ?
    A contrario, l’on pourrait imaginer une Europe se dressant contre la voracité des banques et l’absurdité de ce système économique. Une Europe qui dirait à la Grèce : vous êtes moins victime de votre insouciance que d’un système économique absurde et ce système nous allons le changer, quoiqu’il en coûte. Mais là, on peut rêver…

    Dettes écrasantes des particuliers et des états, budgets de rigueur, taxes et impôts conduisent mécaniquement à la baisse de l’activité économique et au tassement de la consommation. En soi ce ne serait pas catastrophique si tout n’était pas précisément basé sur la croissance.
    Les pères la rigueur se tirent donc une balle dans le pied. En prétendant sauver le bateau, ils le coulent. Politiquement (voir la panique de la droite française), ils se sabordent tout aussi sûrement quand ils envisagent de couler la classe moyenne au profit des banques.

    Enfin, les banques « paraissent » avoir le beau rôle ? Voire, même si une industrie financière qui pèse 40 % d’un PIB (USA) a de quoi se faire entendre.
    Je ne pense pas que les banques puissent sortir en bon état de l’effondrement économique qui se profile. Les banques ne tirent leur légitimité et leur respectabilité (de plus en plus discutée) que de la création monétaire via le crédit. Si elles se mettaient à tirer sur les peuples (ce qu’elles commencent à faire), elles seraient cuites. Géants économiques (aux pieds d’argile), les banques sont des nains politiques. En dernier lieu, leurs fonds propres misérables les mettent à la merci des banques centrales (donc, in fine, des peuples) et, au bout du compte, la cascade de défauts des débiteurs (états ou particuliers) les mettra fatalement à genoux, ce n’est qu’une question de temps. « Since early 2007, 266 banks have imploded » comme le rappelle le site du même nom (http://bankimplode.com).

    Quand on voit que la toute petite Grèce pourrait, à elle seule, amorcer un tsunami financier et entraîner dans sa chute quelques fleurons du ghota bancaire européen, il n’y a pas lieu de redouter une dictature des banques….

  6. Pour la dette aux US et la sortie de crise, elle reposera sur une réelle création de richesse sur le long terme et une acceptation de sacrifice pour sauver la patrie. Pour connaître plus particulièrement la culture américaine avec ses 3 mamelles qui sont la valeur du travail, la liberté avec sa rage d’entreprendre et une exaspération du patriotisme, je ne me fais aucun soucis pour les Etats-Unis contrairement aux commentaire que j’entends ici et là. Pour l’Europe, c’est une autre histoire .. elle restera la grande victime de cette crise.

    1. Je ne partage pas votre avis, il fut un temps ou vous auriez pu me convaincre sur la grande Amérique de l’oncle Sam, merveilleuse, adorable très douce pour le monde quand bien même
      elle mettrait encore plusieurs décennies a apprendre les seules vertus de la prudence et de la modestie.

      Reconnaissez en plus qu’avec ses trois grandes mamelles ça fait pas très naturel ce n’est guère mieux à voir aussi ensuite, n’y a-t-il pas déjà suffisamment de gens sacrifiés et rabaissés comme cela de part le monde et pour le Moloch, faites vous donc autant de soucis pour l’Amérique que pour l’Europe.

      Je vous assure elle est très loin d’être sorti de l’auberge elle ne fait plus guère réver personne sauf bien sur quelques irréductibles ne pouvant même pas accepter dans leur vie et l’idée même que l’Amérique puisse un jour mordre réellement la poussière et cela face à un autre impondérable de plus.

      Les gens ne sont plus du tout dupes quand même, elle a beau de nouveau faire la fière, la grande, la précieuse avec encore un autre politicien plus pédant que d’autres ça n’y changera rien pour elle croyez moi. Non je vous assure les grands idéaux de richesse et de liberté de l’Amérique ne font plus guère réver le monde comme d’ailleurs son faux évangile de prospérité à l’égard des peuples.

      Oui tout cela c’est bien encore du pipeau à l’antenne ! Et encore je mesure et modère mes propos sur elle il est vrai que je l’ai beaucoup aimé autrefois, c’est comme mon ex, mais maintenant c’est fini vous comprenez ? Je n’ai d’ailleurs même plus les moyens d’aller au McDo comme de boire du Cococala …

      Travailler plus pour gagner plus, histoire peut-être de pouvoir toujours mieux éviter la chute. Oui mon Cher monsieur, ça c’est bien ma réalité, merci encore à la grande Amérique d’avoir su si bien réussir seulement en bourse, le bon exemple à suivre quoi.

    2. Coucou, dans ces cas-là, ils doivent bien être les seuls à éventuellement encore « rêver » d’avoir le beurre, l’argent du beurre, et la crémière car…
      Tout le monde essaie de se séparer du dollar et de leur total-contrôle-multilatéral.

      Ce qui est logique, somme toute. Lorsque l’on veut régenter la planète entière selon son intérêt, il faut s’attendre à quelques « résistances ».

      Le bien, dans cette géniale crise, est que le centre de pouvoir change. Avec tous les changements de petites habitudes que ça entraine.

    3. L’avenir me donnera raison … les US et la Chine s’entendront sur la politique monaitaire à mettre en oeuvre au sacrifice de l’Euro pour un seul objectif, remettre un G2 sur les rails, tellement les intérêts US et chinois sont liés … et l’Europe ne fais déjà et ne fera vraiment pas le poids, ne soyons pas naïfs ! … Et pourtant j’aime mon pays, la France

    4. Jérémie, Yvan

      Je crois comme coucou que les USA son,t moins en danger que d’autres Etats, non, pas parce que c’est un étrange animal à 3 mamelles mais parce que depuis Bretton Woods et surtout depuis la dissociation d’avec l’or décidée par Nixon, sa monnaie est la référence mondiale et que cela lui donne un pouvoir exorbitant économiquement immérité. Si la Chine décidait de lâcher le dollar, alors les USA seraient plus qu’en danger. En attendant, les marchés savent que la planche à billets peut fonctionner (et fonctionne d’ailleurs ces temps-ci) et que cela assure une protection incomparable.

      Cela ne veut pas dire que le peuple américain lui s’y retrouve; ça c’est une autre paire de manches. Mais les capitalistes US eux sont super gâtés.

    5. La Chine lâchera le dollar dès qu’elle le pourra. Les Etats-Unis ne peuvent désormais que gagner du temps. Ils ont commencé par essayer de liquider l’eurozone, ce qui est en bonne voie et a, en tout cas, permis d’éloigner pour un temps les curiosités de la situation financière américaine. Mais les bases de son économie sont trop sapées pour que cette fois-ci, une réaction se fasse jour. Reste la puissance militaire, encore bien réelle…

  7. Question naïve :
    comme élément de solution aux problèmes de la dette publique, ne pourrait-on imaginer que les États, les États de l’U.E. ou ceux de l’Eurozone, par exemple, s’entendent pour augmenter sensiblement la taxe sur les revenus obligataires ? En Belgique, le précompte mobilier est de 15%, me semble-t-il. Il fut un temps pas si lointain où il était à 25%.
    Si le législateur l’augmentait à 20 ou 25%, voire davantage, il me semble que l’État reprendrait d’une main une bonne part de ce qu’il donne de l’autre pour le payement des intérêts de sa dette.
    J’imagine que ce système pourrait poser problème surtout si un seul pays le mettait en vigueur (fuite des capitaux), mais dès lors qu’il serait appliqué par un groupe important de pays, quels inconvénients aurait-il encore ?

    1. On n’arrête pas de parler de taxes et cela va continuer.

      Les mesures contre l’évasion fiscale, en Allemagne notamment, ont été un premier moyen pour l’Etat de récupérer des sous, le programme de réduction des impôts de la coalition étant source de discorde au sein de la coalition. En France, le bouclier fiscal et les niches fiscales sont sur la sellette et du lest semble devoir être jeté. Au Royaume-Uni, les tranches supérieures de revenu vont être davantage taxées. Aux Etats-Unis, certaines défiscalisations vont stopper. J’en oublie certainement.

      Les gouvernements font de l’agit-prop et manient les symboles, mais sont loin d’aller au fond des choses. Notamment en ce qui concerne les grandes entreprises qui manipulent les prix de transfert pour évacuer leurs bénéfices vers des lieux plus accueillants.

      Par ailleurs, le débat sur la taxation des établissements financiers (plutôt que celle des transactions, déjà enterrée) est redevenu d’actualité et va tenir le devant de la scène lors du prochain G20 de Toronto (juin prochain). Que va-t-il en sortir de tangible ?

      La réforme de la fiscalité est une source de revenus supplémentaires pour l’Etat et un instrument de redistribution de la richesse. Le dossier est entre-ouvert, il suffit de l’ouvrir en grand.

    2. Comme dans beaucoup de pays les obligations financent les retraites cela revient à prendre l’argent aux p’tit vieux (vous l’feriez pas hein, m’sieur Elkabash). Tout est beaucoup trop imbriqué pour qu’il y ai de solution acceptable et c’est bien ça qui nécessiterait un vrai gouvernement économique mondial ou à défaut européen.

    3. Monsieur Leclerc…

      Pipeau, écran de fumée, paillettes, baratin politique et propagande…

      Croyez-vous vraiment que les politiques pourraient s’attaquer aux puissants….???

  8. …Dans le fastidieux labyrinthe des mesures de la future régulation financière, encore à l’étude, un exemple permet d’illustrer la tendance. Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur et aux services financiers a, le 4 avril dernier, stupéfait l’assistance d’une assemblée de financiers à Londres, en envisageant de modifier la composition de l’IASB, l’organisme international qui définit les normes comptables. Celui-ci se refusant depuis des semaines à assouplir comme demandé par Bruxelles sa position, Michel Barnier a tout simplement proposé d’en modifier la composition, afin qu’en soient membres plus de représentants des régulateurs nationaux, des banques et des entreprises…

    M. Barnier a été encore plus clair lors de son allocution à Bruxelles le 16 Février:
    Son Discours du 16/02/2010

    Il est dans la droite ligne de ce que Paulson avait conclu en parlant de la comptabilité des banques: « Il va nous falloir faire preuve de créativité ».

  9. @ Leclerc
    un discours revient souvent ces jours : la démographie Française, tu l’abordes « Qu’importe si la BRI, pour étayer sa démonstration, considère que le vieillissement de la population dans les pays occidentaux est à lui seul la source de la hausse de la dépense publique » mais je pense que ce discours on va se le voir rabâcher dans les prochains mois car la France est championne d’Europe dans ce domaine.

    d’autre part quels sont les avis des économistes Argentins sur le crash Européen ? cela peut être intéressant …

  10. Hé, hé, nous y voilà.

    Je l’ai déjà écrit sur ce blog voici bientôt un an. Tout ça, c’est la faute aux vieux.

    Economiquement, c’est une bonne idée; meilleure que faire faire la guerre par les jeunes.

    Stigmatiser les vieux c’est économiquement très porteur mais il convient d’aller jusqu’à les faire crever.
    Ca va faire diminuer le nombre des pensions à servir, idem pour les soins de santé.
    Cela va relancer considérablement la consommation car les jeunes pourront enfin profiter du magot de l’ancêtre.
    Bref que du bon et bien économique.

    La morale et l’éthique cela fait longtemps qu’on s’en fout.

    Guerre aux Vieux !

    Au fond, à quel âge est t’on vieux ? Je suggère à l’âge légal de la pension qui pourrait être du coup
    abaissé partout, comme en France, à 60 ans.

    Décidément on vit une époque formidable (au premier sens du terme).

    Tant qu’a fixer la barre quelque part pour la durée de vie autorisée, il serait judicieux, pays par pays
    de confier cette intéressante tâche aux agences internationales de notation. Ainsi en fonction des résultats économiques des pays leurs citoyens seraient autorisés à vivre plus ou moins longtemps.

    1. Tiens…
      Ca me refait penser à mon retraité anglais qui bossait à domicile pour aider sa femme (déjà avant crise)… et cette Américaine largement en âge de retraite qui continuait à bosser pour pouvoir simplement manger.

      Le pied, non..??
      Ce sont les vieux PAUVRES que l’on va achever. C’est tout.

    2. Et pourquoi pas comme dans [ le soleil vert ]
      tu n’es plus productif, on t’installe sur la chaîne de départ.

      Le dernier trip avec le spectacle grandiose dans ta tête PÉPÉ

  11. Dans l’attente d’une confirmation officielle, un accord aurait été trouvé à propos du plan de sauvetage de la Grèce, selon Die Welt.

    Les prêts bilatéraux des Etats devraient être assujettis d’un intérêt aux environs de 5%, tandis que la part du prêt du FMI, au taux de 3,25%, resterait inférieure à la moitié du total des prêts (de 20 à 25 milliards d’euros) mais serait supérieur au tiers de celui-ci, contribuant à baisser le coût global de l’opération pour la Grèce.

    1. Jean-Claude Junker, chef de file de l’Eurogroup, vient de confirmer l’accord.

      Au moins 30 milliards d’euros seraient prêtés, pour la première année est-il précisé, par les pays européens. Le FMI intervenant en complément. Tous les pays européens y contribueront, sans que la répartition de l’effort entre les pays ait été indiqué.

      Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques, a informé que le taux serait autour de 5%.

    2. François
      Si je ne m’abuse, ils sont juste dans les temps… A quelle heure, ce vendredi, Paul leur laissait-il 48 heures ? 😉

      Si je fais l’hypothèse de 60% prêtés par les Etats européens à du 5% et 40% prêtés par le FMI à du 3,25%, cela fait un taux moyen de 4,3%. Ne croyez-vous pas que le Grèce peut voir venir avec seulement 1,3% de plus que l’Allemagne ?

    3. C’est une vraie décision politique qui a été prise, qui va devoir encore être confirmée par l’activation effective du plan.

      La résorption du déficit de la Grèce n’en reste pas moins un tobogan, les objectifs assignés risquant de ne pas être atteints dans les délais. Certaines informations font déjà état de dérapages dans les dépenses de certains ministères, à confirmer.

      La question est alors de savoir s’il sera ou non jeté un voile pudique sur ceux-ci.

      Mais j’anticipe. Réaction des marchés, demain. Suite de la crise européenne, dans les semaines qui viennent.

    4. Effectivement, Monsieur Leclerc.

      Il pourrait très bien y avoir concours de spéculation maintenant sur l’Espagne et surtout.. l’Irlande.
      Avec un peu de bol, la GB pourrait refaire une belle cible avant 😉
      Car nous ne sommes qu’au début de la crise monétaire.

      De toute façon, là, vu la chute et les montants en jeu, l’Europe n’aura d’autre choix que de faire tourner la planche à billets comme toutes les économies « avancées ». Traités ou pas.

  12. Ah, c’est toujours aussi rassurant quand les chiffres tombent
    et que la déclinaison des sommes et des pourcentages se révèle.
    Cela donne de la matière, du concret, du corps à l’affaire, en somme.

    Et pour la peine, on va le payer !

  13. Fitch vient de baisser la note de la Grèce à BBB- avec perspectives négatives…

    http://www.fitchratings.com/index_fitchratings.cfm

    J’ai l’impression que les agences de notations n’ont strictement rien à faire de l’UE, et le démontrent…Cela augure mal des prochains pays de l’UE qui vont se casser la figure…La mise sous perfusion de la Grèce par l’UE, j’ai l’impression que c’est comme si un médecin donnait une aspirine à un cancéreux en soins intensif…

  14. Ces 30 millions du plan européen ne seront pas actionnés selon le ministre Grec. Ne serait-ce pas encore un effet d’annonce pour faire baisser les taux du marché et gagner du temps ?

  15. Merci de bien vouloir décoder :
    Soros warns Europe on brink of disintegration
    dans le FT aujourd’hui.

    1. George Soros joue désormais les sages retiré des affaires. Il a considéré, à l’occasion de cette interview donnée dans le contexte de la conférence qu’il a organisé à Cambridge, que si la Grèce n’était pas sortie d’affaire, la crise rebondirait et atteindrait l’euro durement. Ce qui d’ailleurs explique la décision prise aujourd’hui par l’Eurogroup.

    2. Monsieur Leclerc,

      votre commentaire n’est pas juste: quand vous dites que « Georges Soros joue les sages et s’est retiré des affaires » … n’as-t-il pas fait l’acquisition d’or pour 485 millions de dollars dernièrement tout en annonçant que le marché de l’or était une bulle .. Il reste un spéculateur , avec des appréciations comme celui sur le Grèce à prendre avec précaution .

    3. @ reveil

      Voilà ce que George Soros a déclaré au Financial Times  : « Mr Soros said that he was no longer engaged in making active currency bets himself, since he retired from direct involvement in the Soros fund earlier this year. »

      On peut certes penser qu’il garde un oeil vigilant sur ses affaires, tout à fait d’accord. J’ai d’ailleurs écrit «…  joue désormais les sages retiré des affaires.

  16. J’aurais une petite question. L’industrie financière représente combien de % du pib au USA, en GB et en France?

    Je sais pas trop où trouvé cette info alors je le demande ici.

  17. Plutôt que de parler d’économie vous feriez mieux de vous préoccupez de l’avenir alimentaire de la planète qui lui aussi est dans un état catastrophique même si on n’en parle pas. Et la France sera bientôt touchée… Allez voir l’excellent documentaire de Coline Serreau sur l’agriculture : « Solutions locales pour désordre global »….

  18. Grèce :

    Reuters : un officiel grec met la barre à 80 milliards pour les trois prochaines années …

    http://www.reuters.com/article/idUSATH00535520100411

    juste deux heures après l’annonce du bail out. même pas honte …

    question : à raison de 60 milliards supplémentaires d’emprunts pour les pays européens ( + 20 milliards pour le FMI) répartis on ne sait pas comment entre lesdits pays, combien de temps avant un downgrade sur disons le Portugal ou l’Italie ??

    1. valuebreak,
      Selon Reuters encore. La «barre» des 80 miliards fait partie du programme. La répartition entre membres de la zone euro est au prorata des participations à la BCE.

  19. La quasi totalité des pays capitalistes développés sont dans le même bain sauf les paradis fiscaux: dette publique dans 5 ans comprise entre 100 et 200% du PIB. Un taux d’intérêt à 5% sur 100% du PIB signifie 5% du PIB soit un quart du budget de l’ Etat (en moyenne 20% du PIB) consacré à la dette perpétuelle cad. on ne rembourse que les intérêts et on est toujours au moins aussi endetté. C’est le sort des paysans pauvres indiens quasi- serfs endettés à vie, leurs créanciers usuriers transmettant leur dette à leurs enfants. Les citoyens vivant de leur travail et leurs familles, soit 90% de la population vont-ils supporter ce nouveau servage avec ses conséquences, la montée du chômage, de la précarité et le démantèlement accéléré du salaire indirect, de la protection sociale et des services publics, soit 40% du salaire direct?
    Les institutions financières privées sont des « tigres en papier » comme l’a montré septembre 2008. Elles se seraient effondrées si les citoyens travailleurs contribuables n’avaient pas accepté en moyenne une augmentation d’environ 30 points de PIB de leur dette en trois quatre ans pour faire face aux conséquences directes (renflouement des banques) et indirectes ( baisse du PIB et envolée du chômage.
    Utopie?L’oligarchie financière peut être éradiquée si les peuples et gouvernements prennent des décisions de bon sens. Les grandes banques sont « too big to fail » donc too big to be private. La décision qui s’impose est la nationalisation. Les dépots dans les banques privées restantes ne sont plus assurés par l’Etat des citoyens contribuables comme actuellement (application du principe libéral), donc celles-ci ferment majoritairement. Les filiales dans les paradis fiscaux des banques nationales sont interdites. Des mesures dissuasives du style De Gaulle avec Monaco sont prises le cas échéant pour leur faire entendre raison. Une séparation stricte banques de dépot- banques d’affaires (spéculatives) -assurances est réinstaurée. La banque centrale prête aux Etats à 0,5% l’équivalent de 3% du PIB correspondant à l’investissement public, donc sans conséquences inflationnistes voire plus dans les périodes de récession etc.

    1. François a écrit :
       »Fermer les portes des salles de jeu du casino pourrait y remédier, mais cela n’en prend pas le chemin : le grand écart va donc se poursuivre, s’installer et risque de s’accentuer. Cela va s’accompagner de lourdes conséquences sociales et politiques, si cette logique s’impose.  »

      J’ignore si c’est LA solution mais à un moment, il va falloir se poser sérieusement la question de la nécessité de fermer ces casinos.
      Faute de quoi nos enfants n’auront d’autre choix que de travailler toute leur vie non pas pour rembourser ces dettes mais les seuls intérêts de la dette.

      C’est le servage éternel qui les attend avec toutes ses conséquences néfastes comme vous l’écrivez.

  20. Une question pour Francois Leclerc:

    Une annonce est faite un dimanche après-midi pour » les marchés », Mr Strauss-Kahn était en « séminaire »hier à Cambridge, une partie de la presse allemande fait savoir que l’accord ne sera annoncé que vendredi prochain à l’occasion du prochain Ecofin/ Eurogroupe, pardonnez-moi, je m’y perds, mais, amha, un accord a trois bandes impliquant le F.M.I, ne risque-t-il pas, comme les déclarations précédentes, celui-ci au terme d’une réunion en urgence de l’Ecofin, de n’etre qu’un « placebo » de plus ?

    1. Jean-Claude Junker et Olli Rehn ont tenu des propos catégoriques. Une réunion a lieu lundi avec le FMI. Le gouvernement grec annonce qu’il n’a toujours pas demandé l’aide européenne. Un projet d’émission obligataire était prévu mardi et on ne sait pas s’il est maintenu. Il n’y a pas de déclaration Allemande à ma connaissance.

      Demain sera un autre jour.

      D’où viendra l’argent, demande-t-on ? Les gouvernements emprunteront et prêteront ensuite (faisant un petit bénéfice du au différentiel de taux et prenant un risque de défaut devenu négligeable).

    1. Désolé, je ne joue pas le consensus médiatique et anti-américanisme. Les US seront devant encore pour de nombreuses années. Je reviens de NY, et je vous assure que l’activité redémarre appuyé par un positividm inébranlable … ce que nous ne savons pas faire .

  21. Merkel avait repoussé des décisions importantes concernant la Grèce pour des raisons purement électorales (partielles en mai). Vox populi, voix dei – les allemands ne voient aucune raison pour payer à nouveau (après le sauvetage des banques etc).

    1. Angela calling

      Toutes les décisions en matière de politique intérieure sont effectivement suspendues au dénouement
      des élections en Nordrhein-Westfalen ( NRW ), décision prise par le gouvernement de coalition lui-meme

      J’en profite pour donner le lien vers l’etude de la B.I.S: Le futur de la dette publiques: perspectives
      et conséquences 26.03.2010 http://www.bis.org/publ/work300.pdf

  22. Je recopie une dépêche Reuters que je trouve hilarante : cette dépêche nous explique que le FMI va prêter 20 milliards d’euros à la Grèce et, tenez-vous bien, les pays membres de la zone euro vont prêter 60 milliards d’euros à la Grèce !

    En tout, le programme de prêts atteint donc 80 milliards d’euros :

    « Le montant total de ce programme, destiné à ramener le calme sur les marchés, pourrait aller jusqu’à 80 milliards d’euros, selon un responsable du ministère des Finances grecs, dont 40 milliards d’euros pour la seule première année. Le Fonds monétaire international fournirait 10 milliards d’euros et les pays de la monnaie unique 30 milliards, à des taux proches de 5% selon le type de prêt. Lors d’une conférence de presse, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, ont précisé que tous les membres de la zone euro participeraient au mécanisme au prorata de leur participation au capital de la BCE. »

    Mort de rire !

    Qui peut croire encore à cet accord pipeau ?!

    Qui peut croire que les pays membres de la zone euro vont prêter 60 milliards d’euros à la Grèce ?!

    Prenons par exemple les 4 pays qui possèdent la plus grande partie du capital de la BCE.

    – 1er pays : l’Allemagne possède 18,93 % du capital de la BCE. L’Allemagne va donc prêter 11,358 milliards d’euros à la Grèce ! Mais bien sûr ! C’est comme si c’était fait !

    – 2ème pays : la France possède 14,22 % du capital de la BCE. La France va donc prêter 8,532 milliards d’euros à la Grèce ! Et où la France va-t-elle trouver ces 8,532 milliards d’euros ? Où ?

    – 3ème pays : l’Italie possède 12,49 % de la BCE. L’Italie va donc prêter 7,494 milliards d’euros à la Grèce ! Mais l’Italie est elle-même hyper-endettée !

    – 4ème pays : l’Espagne possède 8,30 % de la BCE. L’Espagne va donc prêter 4,98 milliards d’euros à la Grèce ! Mais l’Espagne est elle-même en faillite !

    ecb.int

    Conclusion : les Etats européens sont surendettés. Ils ne vont pas se surendetter encore plus pour prêter des milliards à fonds perdus.

    Conclusion numéro 2 : seul le FMI pourra sauver la Grèce du défaut de paiement.

    1. Où la France va t’elle trouver les 8 milliards ?
      Facile : Réforme des retraites : augmenter la durée de cotisation à 45 années, âge légal de départ à 63/65 ans.
      Réduire le nombre de fonctionnaires…
      Augmenter ceci, réduire cela…

      L’argent ainsi économisée pourra financer d’autres dépenses…L’aide à la Grèce en particulier.

    2. C’est comme si c’était fait !

      (Rappel :

      – depuis 1973, la dette publique française est en hausse constante ;
      – aucun gouvernement français n’a jamais réussi à maîtriser la dette publique ;
      – la dette publique de la France est aujourd’hui de 1 500 milliards d’euros ;
      – plus grave : le pourcentage du budget de l’Etat destiné à la charge de la dette est en hausse constante ;
      – la charge de la dette est devenu le deuxième poste budgétaire (le premier, c’est l’Education Nationale) ;
      – et ça ne va pas s’arranger : vieillissement de la population ; explosion des dépenses de santé ; et comme si ça ne suffisait pas, l’énergie abondante et pas chère, c’est fini.

      Bref, les années qui viennent s’annoncent en net progrès !

  23. Quelqu’accord il y ait, l’essentiel semble être ailleurs, car le système de déclenchement a été enfoncé, à deux reprises, par Fitch vendredi soir : d’abord en dégradant la note de l’Eat grec puis en dégradant 5 banques grecques dont 1 en ‘non investment grade’, pour la première fois.
    Attendons la reprise demain de la bourse d’Athènes, en particulier sur les valeurs bancaires ‘concernées’, celles d’Emporiki, de Geniki et surtout d’ATEbank.
    Et ensuite, les bourses européennes, notamment celle de Paris, sur CASA, Société Générale et plus largement les valeurs bancaires.
    Après, on saura à quoi peut ou pas servir un plan de sauvetage …

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/04/10/les-bourses-europeennes-a-l-heure-grecque_1331649_3234.html
    « Les rumeurs n’ont cessé d’enfler, faisant vaciller les actions en général et celles du secteur bancaire en particulier. Sur la semaine, la Bourse d’Athènes a ainsi chuté de 4,95 %. Les actions des banques françaises ont été parmi les plus affectées, du fait de leurs liens avec la Grèce. Le Crédit agricole et la Société générale possèdent en effet des filiales dans ce pays : Emporiki et Geniki. Les investisseurs redoutent que ces acquisitions ne se transforment en gouffres financiers. Résultat, l’action Crédit agricole a perdu 1,04 % sur la semaine, tandis que le titre Société générale a reculé de 2,22 %. »

    A ne pas oublier : le cours de l’action Lehman Brothers était de 85,5 dollars au plus haut en février 2007. Le 12 septembre 2008, 3 jours avant son dépôt de bilan, le cours n’était plus que de 3,65 dollars. Avant que d’être définitivement retiré de la cotation, le cours était de 0,13 dollars.

    Parce que nous scrutons les cours des marchés obligataires, nous en oublions les cours des actions où les tam-tam des ‘marchés’ résonnent pour transmettre des messages …
    Demain est un autre jour.

    PS : je croyais qu’ATEbank n’était pas nationalisée. Or, il apparaitrait que, tout comme Hellenic PostBank (ex caisse d’épargne), elle soit bien nationalisée (partiellement). Ce qui pose derechef la question du bail out (ou pas) par l’Etat grec de cette banque, qui ne peut plus déposer ses obligations d’Etat grec (oups, redondance) à la BCE pour se refinancer. D’où appel direct à l’Etat grec. D’où augmentation des difficultés du dit état en cas de financement : et pour délivrer les dits financements requis et pour l’état lui-même quant à son refinancement sur les marchés (qui verrait un tel ‘bail out’ d’un mauvais oeil). D’où FMI …
    De plus, en décembre 2009, ATEbank devait fusionner avec Hellenic PostBank :
    « Invité à commenter une éventuelle fusion de ATEbank avec Post Bank (ex Caisse d’Epargne), M. Pandalakis a observé que cette décision dépendait du gouvernement et des actionnaires, mais qu’il préconisait pour sa part ce projet. »
    http://www.amb-grece.fr/bulletins/decembre_2009/04_12_2009.htm

  24. @coucou

    Je vais en rajouter dans le catastrophisme puisque c’est ma spécialité…

    Concernant l’incidence psycho-sociologique de la crise, on se souvient l’importance accordé par les psychologues à la structure des institutions chargées d’accueillir les malades, la structure étayant le « moi » des patients psychotiques ; la structure c’est la Loi, la limite, la règle également, rassurante, contre le chaos interne.

    Autre symptôme auquel nous sommes exposés, le « learned helpnessness », apprentissage de l’impossibilité d’agir avec des conséquences psychiques importantes. Les rats qu’on soumet à des décharges électriques avec l’impossibilité d’y échapper vont très mal. Si l’on en met 2, ils vont se battre et iront mieux.

    Nous sommes quand-même en grande partie dans cette situation ou tout compte fait, il semble que nous ne puissions rien faire, observez-vous… cette situation déteint sur le psychisme tout entier. La société entière devient « malade ». Je me suis soudain observé tout à l’heure, comme ce serait bien de décider, d’agir parce que JE le décide, c’est si rare.

    En fait oui l’économie va mal, mais les gens aussi, et les populations aussi, il y a une composante psychologique à la crise, qui elle devient vraiment palpable. Crainte, incertitude, peur de l’avenir. Ceci n’incite pas à investir…

    La composante psychologique de la crise va jusqu’à l’intime de l’individu, la crise nous transforme tous, ou en grande partie, sauf les inconscient(e) heureusement il en reste. En tout cas comme tout grand mouvement historique, elle transforme la société et les individus, aussi profondément que 1789. Pour l’instant elle nous affecte négativement et en fait, je ne sais pas quoi faire contre ça, il serait aussi inutile de la dénier. La vie continue parce que nous aimons la vie, et les pulsions de vie sont actives, mais… dans l’être-là, le dasein, la place dans le grand Autre eh bien ça cloche, quand-même. C’est Charles Melman qui écrivait sur cette histoire, qu’après une série d’échecs on peut se demander quelle est la place que nous occupons dans le A, le grand Autre. Par opposition au petit autre, – la série des « moi », sujets comme nous.

    Une infinité de souffrances individuelles comme le témoigne les suicides à FT, des gens qui ne savent plus à quoi ils servent et quel est le sens de leur vie. C’est F. Perrier qui disait que le travail est une carte importante dans le portefeuille de l’identité individuelle, pour un homme tout du moins, et J Conrad que les vraies épaves sont ceux qui n’ont pas de métier (Lord Jim). Le travail est une composante de l’identité des gens, on leur pose d’énormes problèmes matériels mais aussi d’identité en les en privant.

    Marx avait très bien dit que :

    La conscience ne peut jamais être autre chose que l’être conscient et l’être des hommes est leur processus de vie réel

    1) Comment la crise transforme notre Weltanschaung, est il encore possible de le dessiner au vu de la profondeur à la quelle nous sommes plongés…. ?

    2) Comment elle affecte nos modes de pensé, au delà de l’économie. Se méfier du learned helpness. Elle n’affecte pas l’autorité, la sécurité, mais dans l’ordre de la décision, de ne plus être le sujet de la décision ! « Je le veux », comme dit Célimène, où « Voulez-vous ? », d’Abba. Une crise du vouloir peut-être…

  25. La question c’est voulez-vous… !

    ils l’ont dit. Ca me bouleverse toujours autant ….

    Non pas, to be or not to be.

    Voulez-vous … ?

  26. Pour résumer, les banques à force de cupidité vont tuer la poule aux oeufs d’or, c’est à dire tous ceux qui travaillent encore (j’ai la faiblesse de ne pas assimiler le spéculation financière à du travail). Et au final nous seront tous dans la m…

  27. bravo Lisztfr, 100% d’accord, billet excellent appuyé d’un support youtube détonnant: ça met la pêche et je pense que sur ce blog : la pulsion de vie domine largement thanatos…

  28. Bonjour,

    Peut on m’aider a y voir plus clair en ce qui concerne le FMI ?

    J’ilagine que le FMI pretera des euros ou des dollars a la Grece. D’ou viennent ils ? Des fonds propres du FMI ?

    Je crois savoir que le FMI peut emettre des DTS. Il doit surement les vendre sur les marches financiers contre des dollars ou des euros pour pouvoir preter a la Grece ? Qui peut acheter des DTS ? A quel taux sont ils remuneres ? Vraisemblablement a moins de 3,5% puisque la Grece remboursera a ce taux. Qui pourra bien vouloir acheter des DTS a ce taux la ?!! Peut etre les Etats (avec quel argent ?) ou les banques centrales ou les banques privees ( qui auront emprunte aupres des banques centrales a 1%) : n’est on pas encore dans la socialisation des pertes avec un intermediaire de plus histoire d’obscurcir encore le debat ?

    FMI, etats, BCE : ne font elles pas que se repasser un trou en essayant de camoufler au mieux le cout de se trou ? Pleins de petits trous feraient moins peur qu’un gros trou ?

    Le plus simple et le plus efficace ne serait-il pas de permettre a la BCE de preter directement aux etats europeens, dans des conditions de taux, de montants et de duree a definir ??

  29. Et l’inflation? Et si on parvenait à faire repartir l’inflation, cela ne contribuerait-il pas à réduire le poids de la dette ?

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